Frédéric Lenoir : Le Désir, une philosophie
Frédéric Lenoir, Docteur en sociologie, Directeur du Monde des religions, auteur … vient de publier un nouvel ouvrage intitulé “Le Désir, une philosophie”.
Dans ce livre, l’auteur explique “comment aimer, désirer, vouloir… sans tomber dans l’insatisfaction permanente. Il revisite les grands penseurs et nous aide à déjouer les pièges du consumérisme…”.
Frédéric rappelle que “l’homme désire sans fin, c’est la cause de son bonheur comme de son malheur…”.
Comme l’a justement écrit Schopenhauer, “l’existence est un pendule qui va de la souffrance à l’ennui…”.
L’humain est un éternel insatisfait. L’écrivain G.B.Show explique qu’il y a deux tragédies dans la vie. L’une est de ne pas obtenir ce que l’on désire ardemment. L’autre est de l’obtenir…”.
“La vérité” serait-elle du coté de Platon ? Pour le philosophe, notre âme est d’origine divine, et ce qu’elle désire par dessus-tout, c’est de contempler le principe divin. Tant qu’elle n’y parvient pas, rien ne pourra nous satisfaire…”.
“L’être humain qui ne contemple pas les choses célestes peut se perdre dans l’attrait des choses terrestres, et le caractère indéfini du désir le rendra toujours insatisfait et donc malheureux”.
Le philosophe et sociologue rappelle que nos fonctions cérébrales primitives “nous poussent à désirer toujours plus, ce qui est le moteur du consumérisme contemporain”.
Pour s’en sortir, il faut utiliser “notre cerveau supérieur”, siège de la réflexion et de la pensée critique, qui nous permet de limiter nos désirs, à ceux nécessaires et non à ceux superflus…”.
Les désirs superflux sont la gloire, la richesse, la domination, le prestige social, surtout… la reconnaissance sociale…”. Nous sommes addicts à cela.
Spinoza affirme “que notre plus grand bonheur vient de notre orientation vers les choses et les personnes qui nous font grandir et nous mettent dans la joie : contempler, aimer, créer, … et pas simplement, avoir… C’est la joie de l’être…”
Pour les stoïciens, “il faut convertir notre désir en volonté. Ce qu’il faut désirer, c’est le réel et pas l’imagination”.
“Ce que nous désirons, c’est Dieu. L’amour de son prochain, c’est Dieu.” Cela n’est pas une formule. C’est l’acte le plus difficile qui soit. Cela revient à instaurer le discernement, qui vise la vérité et non l’illusion. L’introspection, la connaissance de soi, de l’autre, l’amour de la vérité, le non jugement, l’absence d’interprétation. Voilà l’amour éternel”. Ainsi, un hadîth de la religion islamique ne dit-il pas : “si tu n’as pas de honte, alors fait n’importe quoi ?”.
Or, Frédéric Lenoir expose que “nos désirs sont formatés. Peu de nos désirs sont personnels, ils sont mimétiques. On désire ce que la communauté désire. On désire des normes”.
En somme, se transcender, “c’est dépasser la subjectivité de nos affects et nous relier à quelque chose de supérieur…”. Pour Socrate, il s’agit de distinguer “la vie heureuse de la vie bonne”. Cela nécessite de quitter les désirs mimétiques pour aller vers des désirs personnels qui incluent des notions de justice et de bonté”. Pour Spinoza, “le mode supérieur à la raison serait l’intuition”. Cependant, “les hommes confondent l’intuition et leurs désirs”…
Marshall Rosenberg explique que “nous sommes dangereux quand nous ne sommes pas conscients que devons travailler à être responsables de nos actes, de nos pensées, de nos paroles et de nos sentiments”.
“La joie d’apprendre à connaitre et continuer à désirer ce que l’on possède, là est le secret d’un bonheur profond et durable…”.
Frédéric Lenoir (2022). Le désir, une philosophie. Flammarion : Paris.